Présentation de l'éditeur :
Adam aime Eve. Eve sait à peine qui est Adam. Adam tente de survivre aux raclées de son père en écoutant les Beatles. Eve s'oublie dans l'alcool, la drogue et le sexe sans plaisir.
Dans les quartiers ouvriers de Middlesbrough, au nord de l'Angleterre, l'expérience de la vie est souvent très violente. À quinze ans, Adam et Eve ne le savent que trop bien.
Ce ne sont pourtant que des enfants.
Né à Middlesbrough en 1984, Richard Milward a publié son premier roman, Pommes, à 22 ans. Depuis, il a étudié les Beaux-Arts à Londres.
Il peint, écrit et travaille à l'adaptation cinématographiques de Pommes.
Les éditions Asphalte viennent de publier (mars 2013) son second roman, Block Party (: un roman à dix étages).
> Entretien avec l'auteur sur le blog des éditions Asphalte
> Site de l'auteur : www.richardmilward.com
Mon avis : Amour, amitié, drames, cancer, viol, apprentissage de la vie à la dure, sex, drugs & rock'n'roll...
Enorme coup de coeur pour ce premier roman du jeune Richard Milward, Pommes.
Reçu avec le reste du "Manifeste des Enfants sauvages" publié par Points en début d'année - avec notamment la nouvelle
traduction de Trainspotting de
l'Ecossais Irvine Welsh -, je l'ai ouvert il y a quelques jours, par
hasard, après avoir lu une chronique de Bloc Party : un roman à dix étages, le second, donc, publié chez Asphalte, de
Richard Milward dont le nom m'avait alors dit quelque chose.
Un coup
d'oeil dans ma bibliothèque où j'avais placé les fameux bouquins, et
j'en ressortais avec cette petite perle d'à peine 250 pages.
Un grand
roman pour un grand-huit émotionnel, bourré de vie, cru et très noir
aussi. Pour le prix d'un paquet de cigarettes, vous allez vous aussi
planer, traverser des bons délires, parfois des mauvais trips, mais
c'est la vie qui est comme ça, avec ou sans drogue. Espoirs et
désillusions, amours et déceptions, lassitudes et gros enthousiasmes, Pommes ne verse jamais ni dans le pathos ni dans l'insouciance stérile, sans pour autant être moralisateur.
Un régal, glacé et glaçant, et pourtant pétillant, plein de couleurs et
de vie. Même si la mort plane et s'incarne dans quelques scènes
particulièrement dramatiques - et tristes.
Car c'est aussi un condensé
de toute la violence des rapports humains, amplifiés par l'alcool ou la
drogue qui fait de ce texte plein de couleurs un chef d'oeuvre.
Heureusement, l'auteur, comme il le révèle dans l'interview disponible
sur le blog d'Asphalte, a voulu que son roman soit "atemporel" - le
meilleur moyen, sur un tel sujet, d'en faire un livre intemporel, au vu
du résultat foudroyant -, et si parfois ces jeunes envoient des messages
ou sentent qu'on les appelle, Dieu merci ils n'ont pas internet, comme
c'était le cas dans les années 1990.
Il n'est donc pas question de réseaux sociaux qui, par leur virtualité,
n'auraient alors qu'apporté morts et suicides dans de tels cas. Comme
c'est déjà trop souvent le cas aujourd'hui.
L'alternance du récit entre Eve avec Adam - chez lui dans sa chambre,
puceau tabassé par son père qui n'a d'yeux que pour elle, la belle,
toujours souriante et qui attire tous les beaux gosses et autres mecs
plus vieux parmi lesquels elle pioche instinctivement au gré de ses
sorties et de ses rencontres, alors que lui n'a encore rien expérimenté,
si ce n'est la musique qui le fait vibrer et oublier ses TOC -, et le
langage oral du texte hypnotise le lecteur dès la première page.
La
magie - noire et blanche - opère immédiatement.
Petit à petit, l'oiseau va sortir de son nid, et oubliera même les coups
et autres virées à l'hôpital que peuvent engendrer la jalousie
lorsqu'il parviendra ne serait-ce qu'à échanger deux phrases avec Eve.
Mais le temps qu'elle le remarque, sa vie à elle continue, tandis que
lui, transi d'amour, peut gamberger pendant des jours suite à un bisous
sur la joue si c'est Eve qui le lui donne.
Histoire d'amour aussi
magnifique qu'elliptique qui n'est d'ailleurs pas sans me rappeler celle
que l'enquêteur finit par ressentir à force de côtoyer Cassie Maddox
dans le sublime premier roman de Tana French (Ecorces de sang). Mais là encore, et comme
dans la vie, le lecteur devra accepter de ne pas toujours tout savoir
des personnages, et de comment tout cela peut finir.
Chez Milward, au
bout des 245 pages, on voudrait le supplier pour qu'il écrive une suite.
`Laissons plutôt les personnages de Pommes, que l'on aura connu durant
une année environ et qui ont déjà tous grandis trop vite, tenter de
vivre leur propre vie, enfin.
Qu'est ce que c'est bon, putain, de croquer ce roman !
À noter que, comme souvent pour les livres édités par Asphalte, une "Playlist" mixée par l'auteur est proposée : Beatles, Jefferson Airplanes, Laurent Garnier, Rolling Stones, et quelques autres feront une parfaite bande-son pour votre lecture !
Pommes, de Richard Milward [Apples, 2007], traduit de l'anglais par Audrey Coussy, Asphalte éditions 2010, Points Seuil 2013, 250 pages, 6,70euros.