mardi 25 juin 2013

On the Brinks - Sam Millar (Seuil) : La bombe irlandaise de l'année signée d'un M comme Millar !

> 2013, année irlandaise... #1 

> Coup de cœur

Présentation de l'éditeur (j'approuve à 100%) :
«Sa vie, telle qu'elle est décrite dans On the Brinks, est une histoire conçue pour Hollywood à plus d'un égard.» Gary Craig, Democrat and Chronicle.

De fait, le spectaculaire récit autobiographique de Sam Millar a tout d'un thriller. À ceci près que si on lisait pareilles choses dans un roman, on les trouverait bien peu crédibles.
Catholique, Millar combat avec l'IRA et se retrouve à Long Kesh, la prison d'Irlande du Nord où les Anglais brutalisent leurs prisonniers. Indomptable, il survit sans trahir les siens : voilà pour la partie la plus noire, écrite avec fureur et un humour constant.
Réfugié aux États-Unis après sa libération, il conçoit ce qui deviendra le 5e casse le plus important de l'histoire américaine. La manière dont il dévalise le dépôt de la Brinks à Rochester, avec un copain irlandais, des flingues en plastique et une fourgonnette pourrie, est à ne pas croire. Même Dortmunder, dans un roman de Westlake, s'y prendrait mieux. Il n'empêche, le butin dépasse les 7 millions de dollars ! Un procès et une condamnation plus tard, il retrouve la liberté, mais entretemps, la plus grande partie de l'argent a disparu. Millar semble avoir été roulé par ses complices... Saura-t-on jamais la vérité ? En tout cas, le FBI cherche toujours !

Né à Belfast en 1958, Sam Millar a fait de la prison en Irlande du Nord comme activiste politique, et aux États-Unis comme droit commun. De retour à Belfast où il vit toujours, il est devenu écrivain. Après deux romans, Poussière tu seras et Rédemption Factory, et le best-seller international On the Brinks, il a commencé la série policière Karl Kane, à paraître au Seuil.
Quand un éditeur et un traducteur a des couilles comme Patrick Raynal et de la suite dans les idées, le lecteur a de la chance. Quand on aime les polars irlandais comme moi (merci Adrian McKinty, ancien de la Série Noire, miraculeusement réapparu chez Stock avec Une terre si froide, premier opus d'une trilogie dont la suite est prévue pour octobre - je vous en reparle bientôt), et que l'on a pu goûter à leurs charmes irrésistibles, notamment à cette écriture tellurique qui raconte en filigrane l'histoire de la nation irlandaise, ses passions, ses haines, ses gangs et son libéralisme qui ravage tout, on en redemande. Forcément. Tana French m'avait fait un effet fou avec son premier roman noir, Ecorces de sang (paru initialement sous le titre La mort dans les bois). Sam Millar, j'en avais entendu parler, en bien certes, mais c'est tout. Donc, inutile de préciser que quand j'ai appris la parution au Seuil d'On the Brinks ainsi que ce qu'avait été la vie de Sam Millar, mon sang n'a fait qu'un tour. Un polar ? Une autobiographie ? Les mémoires d'un nationaliste irlandais ? La seconde vie aux USA ? Jusqu'à son retour en Irlande du Nord où il est devenu écrivain ?... Tout cela me fascinait, me passionnait d'avance. Le moins qu'on puisse dire est que je n'ai pas été déçu. Non, au contraire même. Il faut lire On the Brinks pour le croire. D'ailleurs, on s'étonne même que Sam Millar soit encore en vie, et qu'il ait pu - enfin - retrouver son Irlande natale, et avec femme et enfants en plus !
À vrai dire, on comprend très vite, avant même de lire l'un de ses livres, qui peut être Sam Millar lorsqu'on a la chance, comme moi, de l'avoir rencontré aux Quais du Polar cette année, par exemple.
Encore une fois, quand la foule patientait des heures pour des dédicaces d'Harlan Coben, je me suis très vite retrouvé devant les table des plus grands - écrivains ou traducteur-éditeur. Ils étaient alignés, pas toujours ensemble au même moment, mais Sam Millar était entre John Burdett, l'immense auteur de Bangkok 8 ou du Pic du Vautour qui vient de paraître, et Patrick Raynal, traducteur et premier éditeur de Sam Millar. Raynal a depuis fait en sorte que les livres du grand Irlandais atterrissent  entre de bonnes mains, celles d'une autre traductrice et éditrice de talent, Mari-Caroline Aubert, laquelle a repris depuis environ 2 ans la direction de la collection Seuil Policiers.
Sam Millar est un grand, dans tous les sens du terme. Je l'ai compris quand, il m'a soigneusement dédicacé ses mémoires en forme de thriller et la version poche de Poussière tu seras, son premier roman à avoir été publié en France, maintenant disponible en Points Seuil.
« To Norbert. Merci ! Sam. », j'ai pu lire, bien après qu'il se soit levé de sa chaise pour me remercier droit dans les yeux et me serrer franchement la main. Court, sobre, efficace.
Comme son écriture, qui elle est d'une maîtrise stupéfiante.
Maintenant que j'ai lu On the Brinks, je sais aussi que c'est un survivant (incroyable !), et un héros irlandais. Et je le remercie à mon tour, pour tout.
Je reviendrai vous parler du livre très vite, il faut encore que je me remette les idées au clair. Foncez sur On the Brinks, surtout si vous aimez le polar : c'en est un, et un des meilleurs. À tel point que déjà, vous en savez suffisamment pour ne pas être déçu en l'achetant et en le lisant. On the Brinks fait figure d'une bombe à fragmentation, mais littéraire celle-ci, que Sam Millar vient de lâcher au printemps, en France ! Vous allez vous régaler...

[À suivre]

> le site de l'auteur : www.millarcrime.com


On  the Brinks, Sam Millar [On the Brinks, the extended edition, 2009], traduit de l'irlandais par Patrick Raynal, Editions du Seuil, coll. Seuil Policiers, 2013.